POURQUOI COURIR ?
Quand je pense que je ne suis pas retourné au Vietnam pour le Têt, l’année du Rat, je suis déçu et même très triste Je suis resté quelque jours dans un état d’esprit pessimiste en me rappelant ce que m’avait dit quelque ‘ un : « ce voyage, qu’il faut réaliser une fois par an, est un remède de longue vie ». Quelques semaines plus tard, je me sens de nouveau dépressif Je décide de réagir .Je ne suis pas médecin mais je sais que la cause de mon mal vient sûrement du fait que je n’ai pas assisté cette année au Têt. Comment échapper efficacement à la dépression sans employer de médicament ? Depuis plus de vingt ans , je suis traité par Déxorate ,un calmant pour dépression légère ,en même temps par le jogging, non la course mais une marche rapide.
Un jour comme d’habitude , en pratiquant ce sport, je décide d’essayer de courir : J’abandonne après 100m.
Dans ma vie, la difficulté ne m’a jamais fait reculer .Devant un obstacle, je me souviens des succès d’autrefois pour m’encourager : par exemple,quand j’ai cessé de fumer du jour au lendemain. Pendant dix ans, chaque matin, j’allais au café pour jouer au tiercé, un jour j’y ai renoncé définitivement, sans difficulté.
Dans le parc où je me promène chaque jour, j’ai rencontré des personnes de mon âge capables de courir et même de jouer au tennis Pourquoi ne le pourrais-je pas, alors que le docteur m’a affirmé que mon cœur fonctionnait parfaitement bien ? Ce qui manque, c’est la volonté et le courage.
J’ai perdu un Têt au Vietnam, mais je vais récupérer quelque chose de plus important encore : je veux gagner un set de plus, et pour cela je dois courir.
Mon premier essai dure 10 minutes, puis je réussis pendant 20 minutes et finalement le 10ème jour , je gagne en courant une heure entière Je pense avoir gagné ou plutôt ,si j’ai perdu une bataille ,j’ai gagné une guerre . Plus le Têt approche, plus je prolonge le temps de courir ainsi que ma réflexion.
Que je sois au Vietnam ou non pendant le Têt ,je me dis que cette fête passe très vite et je retrouve un état moral paisible .Je cours autour du parc .et à la fin de la course ,je cueille des feuilles d’ olivier dont le nombre correspond au nombre de tours c’ est -à -dire 700 m pour chacun,en tout 3km ! Je fais connaissance avec de nouveaux amis, une dizaine de personnes, dont la plupart sont plus âgées que moi. Chaque jour, j’arrive vers 9 h du matin, je cours 45 minutes ; ensuite je marche à pied avec eux, on s’assoit sur un banc pour bavarder sur toute sorte de sujets : la politique, la vie quotidienne, le football, les impôts surtout et le pouvoir d’achat. J’écoute plus souvent que je ne parle
Je m’adapte de plus en plus à ces nouvelles habitudes et je respecte rigoureusement mon magnifique emploi du temps .J’invite un nouvel ami à venir chez moi pour contempler mes tableaux Quand on découvre que je suis un artiste peintre amateur, on est heureux de partager les joies de la retraite.Mais au fond de mon cœur, je sens que quelque chose est manquée ou inachevé.
La course que je fais tous les jours, n’est que un petit set gagné ; il faut continuer jusqu’au final. Depuis ma jeunesse, j’ai rêvé d’écrire une grande œuvre, mais je ne sais comment réaliser ce projet .Puisque ma vie s’est enrichie de beaucoup d’expériences intéressantes,
Pourquoi ne pas d’écrire le roman de ma vie ?
Courir, ce n’est pas mon dernier but Je voudrais et je devrais écrire. Mais quand commencerai-je ?
Huynh ngoc Diêu
Février 08